CONGRES HLM / MEDIAPART

  Article trouvé sur Mediapart : Congres Hlm "On a les dirigeants que l’on mérite

 Le congrès Hlm vient de s’achever dans l’indifférence la plus totale. C’est à peine si quelques médias en ont parlé. Certes le journal Le Monde a publié un cahier spécial avant le début du congrès, illisible et inintéressant excepté pour les aficionados qui y reconnaissaient leurs pairs. On est si bien entre soi.
 Que se passe t il donc en ce moment ? Rien moins qu’une révolution : le gouvernement inique de Monsieur Sarkozy, avec sa cour et ses bons élèves parmi lesquels le secrétaire d’Etat au logement Benoist Apparu le bien nommé, continuent dans leur volonté de réforme !

 Le maître mot est lâché. Ces gens là réforment !

Et en passant ils remettent en cause un principe fondamental dans notre démocratie qui est celui de la solidarité nationale.
Le logement social depuis le XIX ème siècle repose sur le principe même de la solidarité nationale. Pour aider ceux qui ne disposent pas des moyens d’accéder au marché on mobilise le budget de l’Etat et l’épargne des français garantie par l’Etat (le livret A) pour construire du logement social. On a ainsi construit en France plus de 4 millions de logements sociaux. C’est un apanage de pays riche. C’est aussi une richesse. A ma connaissance, peu nombreux sont les pays du tiers monde ou les pays en voie de développement qui ont su construire un parc locatif social.

 Eh bien c’est terminé !

Au nom de la nécessaire trajectoire résidentielle il va falloir les vendre (cf. mon précédent article sur la vente Hlm). Personne ne sait où on logera les pauvres quand les logements sociaux seront vendus… Les Pays Bas ont eu la même bonne idée, ils s’en mordent les doigts aujourd’hui. En fait si on vend ou tente de vendre ces logements, ce n’est pas vraiment pour permettre aux prolétaires d’acheter un logement auquel ils se seraient attachés mais surtout pour renflouer les caisses des organismes Hlm et leur permettre ainsi de construire ou de réhabiliter lourdement leur parc sans aides de l’Etat !

Malheureusement le prolétaire n’a guère d’appétence pour acheter son logement Hlm sauf s’il s’agit d’une mignonne maisonnette bien située (le parc le plus attractif des organismes), alors Monsieur le bon élève qui n’a d’autre ambition que de satisfaire son maitre (le logement n’intéresse guère Monsieur Apparu) a donc trouvé une bonne idée.

Le maître a dit qu’il fallait réduire le déficit public et s’attaquer aux niches…mais pas aux riches ! Il dit même que c’est moderne

La bonne idée consiste donc à baisser de moitié le budget de l’Etat consacré à la construction de logements sociaux (passer de 650 à 340 millions en trois ans) et de faire payer ces 340 millions par ……..les Hlm ! Ainsi la boucle est bouclée. Les Hlm s’autofinancent. Les pauvres payent pour les pauvres et l’Etat s’est totalement désengagé. C’en est fini de la solidarité nationale pour ce qui concerne le logement social.

Que les contribuables soient toutefois rassurés : leurs impôts continueront à payer le bouclier fiscal de madame Bettencourt et les aides aux bailleurs privés….

Le plus surprenant face à cette attaque frontale est un mouvement Hlm inaudible. Seules les associations de locataires les plus virulentes ont réservé une bronca au ministre du logement lors de son discours de clôture au congrès de Strasbourg. Il est vrai que le discours de M. Repentin, sénateur socialiste, n’avait guère de quoi mobiliser les foules: un fatras de poncifs plus plats et plus technocratiques les uns que les autres, un corporatisme de bon aloi, une absence totale de charisme mais surtout aucune idée neuve, aucune vision prospective alternative. Le mouvement HLM est accusé d’être le bénéficiaire d’une niche fiscale injustifiée, au mépris de son rôle social fondamental dans notre société d’inégalités et d’injustices croissantes, et c’est à peine si on perçoit une protestation.

Le mouvement Hlm n’est plus audible car il n’a rien à proposer. Chacun se replie et tente de sauver son propre bateau dans une mer déchaînée. Les dirigeants n’ont plus aucune crédibilité et ne la recherchent même pas. Mais n’a ton pas les dirigeants que l’on mérite ? Qui a fait le choix d’un Repentin quand d’autres candidatures de poids et de programmes se présentaient ? Qui a choisi la voie du réformisme et du bas étiage quand pouvait se négocier un livre blanc à la hauteur de ce qu’avaient su faire 30 ans plus tôt Robert Lion et Roger Quilliot ?

Ce congrès est un échec, le mouvement Hlm va mal. Ne serait il pas temps de rebattre les cartes pour enfin proposer aux français ce qui les intéresse, à savoir résorber la crise du logement en mobilisant les moyens nécessaires ?


 

Dernière mise à jour : ( 05-10-2010 )