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UN DG SUR LE TERRAIN ! Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail

  Le directeur des HLM joue le gardien d'immeuble !
 Jean-Pierre Niot n'a pas hésité à se munir du balai et de la serpillière pour aller à la rencontre de ses locataires.
 Durant une semaine, au Havre, le gardien d'immeuble n'est autre que... le directeur général de l'office public HLM. Il s'immerge en bleu de chauffe dans un quartier populaire, pour mieux comprendre le quotidien de « ses » 33 000 locataires, entre fuites d'eau, factures trop élevées, querelles de voisinage...

 «Si vous pouviez passer me voir, ma facture de gaz a explosé. Je n'ai plus de sous pour finir le mois... » Dans la cage d'escalier de son immeuble, au pied du stade Deschazeaux, au Havre, Yvette interpelle son gardien. « Mais, vous êtes bien monsieur le directeur ! » « Oui, oui c'est moi. » Le bleu de travail n'est pas l'habituel costume de Jean-Pierre Niot, directeur d'Alcéane, l'office HLM du Havre.
Toute cette semaine, il s'est mué en gardien. Yvette vit du minimum vieillesse, 700 € par mois. Elle paie 6,77 € de gaz par mois. Posé sur la table, le courrier d'EDF l'informe de frais de dossier de 55,26 € pour provision insuffisante... « Je vais écrire pour vous », promet le directeur.

 Comme chaque matin depuis lundi, Jean-Pierre Niot balaie le hall de ses quatre immeubles, nettoie poubelles, vitres, escaliers, répare des prises. Et, surtout, rencontre « ses » locataires au gré de la déambulation. Nicole habite le rez-de-chaussée. « J'ai peur toutes les fins de semaine. Ils s'installent en bande dans le hall d'entrée, boivent, mettent le feu au mur. J'ai tout redécoré chez moi mais je veux partir d'ici. » Jean-Pierre Niot propose d'installer un double sas d'entrée dans le hall trop grand. « Et une caméra », réclame la voisine. « Sur les 1 200 halls de l'office, 1 % en sont équipés. On va y venir. C'est rassurant. Est-ce vraiment la solution ? »

 Avec son phrasé direct, Christine, correspondante de secteur, s'insurge contre « la démission des parents. Avant, c'était les ados qui injuriaient les adultes. Maintenant, ce sont les 7, 8 ans. Ils voient cela à la télé et font pareil. » Ginette, gardienne du 123, s'apitoie sur « le manque de respect. » Elle ajoute : « On nous prend trop souvent pour l'annexe du commissariat. À chacun son métier. » Martine assure que « le voisin du premier veut la tuer. J'ai déposé plainte à la police. »

 Marcel a « une fuite d'eau qui vient de dessus. Mais, je ne veux pas aller voir le voisin. Il ne dit pas bonjour. Allez-y à ma place. » Entendue entre deux étages, une remarque cocasse fait sourire le directeur. « Des voisins, j'entends tout de A à Z, surtout le X. »

Relations de voisinage en miettes, incivilités, manque d'autorité... Voilà bien le sujet numéro un, loin devant la crise. « La crise ? C'est une invention de banquiers. Elle existe ici depuis toujours, reprend une jeune femme. On manque de boulot, c'est tout. »

« J'entends tout de A à Z, surtout le X »

 D'un optimisme inébranlable sur la nature humaine, Jean-Pierre Niot écoute patiemment. Dans l'échange impromptu, il réussit à citer Jean-Paul Sartre. L'écrivain fut professeur de philosophie au Havre, au début des années 1930. « 'L'enfer c'est les autres', c'est la dernière phrase de Huis Clos, sa pièce de théâtre. Les autres, ce devrait être le paradis, pourtant. Dans cette affaire de politique de la ville, on a injecté des centaines de millions d'euros dans le bâti. Mais on a oublié l'humain. L'essentiel, c'est le vivre ensemble. C'est remettre le 'nous' devant le 'moi'. »

 Tous les locataires du quartier de Graville ne sont pas des grincheux. Loin s'en faut. L'après-midi, le gardien remet son costume de directeur général. Il reçoit dans sa loge. On s'y presse. René n'a pas de grief particulier, si ce n'est « la porte de garage trop lourde à soulever pour mon épaule. Ma femme l'a déjà prise deux fois sur la tête. » Jean-Pierre Niot appelle en direct les services techniques. « Oui, on s'en occupe. On va installer un petit moteur électrique qui fonctionne au solaire. » « Alors, écrivez-le au locataire, réplique Jean-Pierre. Le faire, c'est bien. Le faire savoir, c'est mieux. »

 Mohamed arrive avec sa bonne humeur. « C'est une belle reconnaissance du métier de gardien ce que vous faites là. Mon fils marche bien à l'école. Alors, si on pouvait déménager pour qu'il aille dans un collège de centre-ville. » La dame du quinzième n'est pas d'accord. « Notre gardien part trop souvent en stage. Et il fait le ménage avec une serpillière sale. Je suis obligée de repasser derrière. »

 Simone a un reflux d'eau dans les toilettes depuis deux ans. « Elles sont régulièrement inondées. Personne n'y connaît rien pour réparer. C'est comme l'ascenseur, ils nous envoient un tas de gens. Toujours en panne. »

 Son carnet à spirale se remplit vite. Jean-Pierre Niot note scrupuleusement toutes les remarques, tente d'apporter des éléments de réponses. « Je balisais avant de venir. J'avais peur d'être le singe de service. En fait, pas du tout. C'est une aventure passionnante. Les gens sont gentils, me souhaitent bon courage. Pourquoi ne s'aiment-ils pas ? »

Jean-Jacques LEROSIER (Ouest France)
Dernière mise à jour : ( 19-04-2010 )
 
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